Gérante de Salambo, une boutique de bijoux créateurs en plein cœur de Bordeaux, Hattika Annab est aussi une femme engagée, au parcours atypique. Membre du Conseil d’administration de la CPME Gironde et de la Commission des Mandats, elle est mandataire CPME à la Carsat et au Tribunal des affaires de sécurité sociale (TASS) en tant qu’assesseur.
Vous affichez un parcours des plus atypiques…
Hattika Annab : J’ai effectivement un parcours riche en expériences, dans des secteurs d’activités très variés, allant de la mode au BTP. J’ai démarré ma carrière au milieu des années 80 dans la mode bordelaise. Puis, dans les années 1990, j’ai intégré – par opportunité – une société de construction de maisons individuelles. Un changement radical de secteur ! Cela reste une expérience fabuleuse, qui m’a permis de côtoyer beaucoup de monde, sur les chantiers bien sûr, mais aussi dans les réseaux professionnels. C’est grâce à cette expérience que j’ai pu intégrer la Carsat, dans le département Gestion des Risques Professionnels. La dimension « sécurité » m’a d’emblée interpelée, et depuis 2019, je suis vice-présidente du comité des risques professionnels au niveau régional.
Vous êtes également très engagée auprès de la CPME Gironde et de la CCI …
H.H : Oui, j’ai rejoint la CPME en 2012 et je siège au Conseil d’Administration et au bureau. J’ai également intégré la Commission des Mandats aux côtés de Bertrand Demier. La CPME Gironde porte les valeurs des TPE/PME, et je me retrouve dans ses combats et ses prises de position. Son ADN d’entraide, de proximité et de solidarité résonne avec mes propres convictions.
En parallèle à la CPME Gironde, je siège avec assiduité dans d’autres instances puisque j’ai été nommée membre associée à la CCI dès 2010 puis titulaire à la CCI Bordeaux Gironde et à la CCI Nouvelle-Aquitaine depuis 2016. En tant qu’élue référente aux personnes à mobilité réduite, j’accompagne les commerçants dans la mise en accessibilité de leurs magasins.
Pourquoi avoir accepté le rôle de mandataire CPME auprès de la Carsat et du Tribunal des affaires de Sécurité sociale ?
H.H : Devenir mandataire, c’est participer pleinement à la vie de l’organisation patronale en s’engageant au nom de tous les dirigeants de TPE/PME. Cela apporte du sens, et personnellement, je me sens vraiment utile et actrice de mon territoire… A fortiori quand j’arrive à faire bouger les lignes ou à convaincre ! Un mandataire porte une certaine responsabilité puisqu’il est là pour défendre les intérêts des dirigeants. C’est aussi un réel enrichissement à titre personnel et professionnel, puisque nous sommes amenés à rencontrer beaucoup de monde, à échanger.
Justement, quel est votre rôle en tant que mandataire CPME à la Carsat ?
H.H : La Carsat intervient sur plusieurs axes, dont celui de la prévention et de la sécurité des salariés, et des risques professionnels associés. Outre le Comité Technique, je participe à des groupes de travail qui se réunissent une fois par trimestre, sur des problématiques clés : prévention des chutes sur les chantiers, sécurisation des sites, risques musculo squelettiques… Lors de litiges sur les questions de sécurité, je représente le dirigeant et je suis amenée à trancher, voire à voter pour une sanction, lorsque le respect des règles de sécurité n’est pas pleinement appliqué.
Qu’en est-il de votre rôle d’assesseur au Tribunal des Affaires de Sécurité Sociale ?
H.H : J’exerce ce mandat depuis 2016. Le TASS tranche les contentieux entre les assurés sociaux, les organismes tels que l’URSSAF, la CAF, la CPAM. Nous sommes compétents en cas de contestation portant sur une mise en demeure, le recouvrement de cotisations, le remboursement de frais médicaux, les problèmes d’indus… Ce tribunal est composé de 2 assesseurs représentant, l’un les salariés, l’autre les dirigeants, sous la présidence d’un juge du Tribunal de grande instance. Pour siéger et devenir mandataire, mieux vaut justifier d’une longue expérience professionnelle : Je recommande également de se tenir informé de la règlementation et d’observer une veille à la fois sociale et juridique.
C’est un mandat prenant, qui demande du temps et un réel engagement, car nous sommes là pour rendre un verdict juste et équilibré. Cela suppose une bonne connaissance des rouages des différentes organismes, mais aussi des dossiers. Selon les cas, nous statuons en premier ressort, c’est-à-dire qu’il est possible de faire appel de notre décision, ou en « premier et dernier ressort », sans possibilité d’appel. Ce que j’aime par-dessus tout ? Echanger, argumenter et convaincre les parties adverses !