De la banlieue à l’entrepreneuriat

A 52 ans, François Pons est un entrepreneur accompli. A la tête de Yosadi, un réseau d’experts au service des TPE, cet adhérent à la CPME est avant tout un militant engagé, désireux de défendre les dirigeants de petites entreprises, rêvant d’un patronat social et solidaire.

C’est un titi parisien. Un vrai. Pas comme Gavroche mais comme un gamin qui a « poussé » dans les cités. En l’occurrence celle de Neuilly Plaisance, à la une de l’actualité dans les années 80-90. « Quand mes parents s’y sont installés, la cité avait des airs de campagne avec ses jardins et ses parcs pour enfants, se souvient François Pons. L’atmosphère s’est détériorée avec l’arrivée des clans et des gros bras. Je me souviens, ça tirait à balles réelles entre les barres d’immeuble… » Cette enfance en banlieue forge son caractère, dès le plus jeune âge. « Il fallait savoir taper du poing ou courir quand on tombait sur plus fort que nous ! » raconte-t-il en souriant. Par la suite, la famille déménage à Isle sur-la-Sorgues (84). Nouvelle vie, avec toujours ce besoin de se faire respecter, lui « le Parigot en PACA ». Son DUT de Génie électrique et Informatique industrielle en poche, François Pons démarre sa carrière à 20 ans, dans une entreprise en région parisienne. Il y restera 21 ans, fidèle parmi les fidèles, malgré les rachats successifs. « Mon envie d’entreprendre est née suite au dernier rachat, admet-il. On nous a tous roulés dans la farine. Je ne savais plus pour qui je travaillais, qui était mon patron, où il habitait… J’étais écoeuré, alors j’ai démissionné. »

Le terrible ratio des « 80-20 »

Direction : la région bordelaise, où François Pons devient co-actionaire d’une TPE, spécialisée dans les essais environnements hautement accélérés. « Nous travaillions pour un grand nom de l’aéronautique, confie-t-il. Malheureusement, nous avons appris – à nos dépends – le terrible ratio « 80-20 », puisque 80 % de notre chiffre d’affaires dépendait de ce donneur d’ordre, qui nous a lâché du jour au lendemain, en un claquement de doigts. » C’est la douche froide. La TPE se retrouve en liquidation judiciaire. Mais loin de baisser les bras, François Pons trouve la force de rebondir. En 2012, l’entrepreneur lance Yosadi (Your Sales Director). « L’objectif de Yosadi est de permettre aux petites structures de disposer d’un directeur commercial externalisé, à temps partagé, en vue de dénicher de nouveaux marchés, de diversifier la clientèle, et donc de pérenniser la société. Si nous avions bénéficié d’un tel service, peut-être que la TPE aurait connu un sort plus favorable. »

Direction générale externalisée

Concrètement, les missions de Yosadi se déroulent en 3 temps : un audit d’abord, pour faire le point sur le secteur, le portefeuille client, la marge, etc. Viennent ensuite les préconisations et la mise en œuvre. « En 2015, j’ai ajouté une corde à mon arc, en proposant un service externalisé de Direction Financière, puis en 2017, je me suis associé à Ingrid WOLFF, spécialiste de l’organisation et de l’humain, et Jean-BARRAILLEY, spécialiste du marketing et très bon formateur, pour offrir de nouveaux services liés aux problématiques de recrutement et d’expérience client. » Aujourd’hui, Yosadi est à même de proposer aux dirigeants une Direction Générale externalisée, pour les accompagner sur les 4 grandes thématiques : développement commercial, finance, RH et marketing.

Safecaddy : les premiers secours en un sac à roulettes

L’entreprise compte aujourd’hui une vingtaine de clients, tous secteurs confondus : BTP, transport, informatique, cabinets d’avocats, services aux entreprises… « La durée des missions est variable de quelques mois pour un recrutement jusqu’à 1 an pour la direction commerciale, » souligne l’entrepreneur qui a adhéré à la CPME Gironde dès la création de Yosadi. Ce militant au long cours, qui croit au patronat social et solidaire, est aussi à la tête de SafeCaddy depuis Octobre 2019. Venu d’Allemagne, SafeCaddy est un sac d’urgence à roulettes, qui permet de transporter le matériel de premiers secours (défibrillateur, brancard, trousse, extincteurs…) sur un lieu de sinistre.  « Jusqu’à 160 kg, que l’on tire d’une seule main ! précise François Pons. Après des débuts poussifs suite au Covid, les ventes progressent, principalement auprès de l’industrie. »

Très occupé avec ses 2 sociétés, François Pons profite du week-end pour souffler, à Oléron, son île de cœur, où il a acheté une maison il y a 19 ans. Très proche de la nature, cet arrière-petit-fils de vigneron est très investi dans la défense de la culture paysanne et va prochainement être trésorier d’une AMAP. Le petit gamin des cités a bien grandi, pour devenir un entrepreneur engagé, militant, convaincu du bien fondé du réseau, au service des petites entreprises.


CPME Gironde